QUELQUES GRENADES FRANCAISES

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Grenade Besozzi
INTRO : LES GRENADES FRANCAISES DE 1914 / 1918

GRENADES A MAIN
Pétard de la 3ème Armée
Pétard à barbelés
Grenade modèle 1847
Grenade modèle 1914
Grenade Besozzi
Grenade percutante P1 ('Poire')
Grenade fusante F1
Grenade offensive OF1
Grenade Foug Citron modèle 1916

GRENADES A FUSIL
Grenade Feuillette
Grenade Viven-Bessière

GRENADES SPECIALES
Grenade éclairante en fonte
Grenade pour appareil Moisson
Grenade suffocante modèle 1914 et 1916
Grenade suffocante Bertrand modèle 1915 et 1916
Grenade pour mortier Brandt
Grenade DR

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Grenades Françaises

C'est armés de quelques grenades d'un autre âge que les soldats Français entrèrent en guerre en 1914. Cette arme s'avérant essentielle dans les combats de tranchée fit l'objet d'une activité de développement intense tant en improvisation sur le terrain qu'en bureau d'études, et aboutit à des développements de plus en plus modernes.

La France devait combler son énorme retard de 1914 en mettant au point des engins qui furent actifs encore jusqu'au milieu du XXe siècle, et en particulier en inventant la meilleure grenade à fusil du conflit, la Viven Bessière





Grenades à main


Pétard de la IIIe Armée
Pétard de la IIIe Armée de 12.5cm x 3cm

La grenade de la IIIème armée est une industrialisation des improvisations des premiers mois de la guerre (les fameux pétards raquette composés d'une planche en bois, d'une cartouche de cheddite et de clous ou graviers ou fils d'acier), rendues nécessaires par la faible capacité de la logistique française à développer et mettre en fabrication rapidement des modèles de grenade plus modernes pour répondre aux besoins urgents des combattants.

Pétard plus que grenade, c'est un tube en acier préfragmenté de dimensions (longueur 12.5 cm, diamètre intérieur 3 cm) faites pour 'habiller' une cartouche de mélinite de 100g modèle 1890 munie d'un détonateur en son centre.

Les premiers modèles étaient allumés directement en mettant le feu à une mèche de 5 secondes reliée au détonateur. Ce système fut vite amélioré en allumant la mêche par l'action de deux amorces de chasses serties dans un bloc de bois et que l'on pouvait percuter en frappant sur un clou qui appyait sur une petite pièce métallique reliant la base des deux amorces.

La grenade était plongée dans de la paraffine pour la protéger de l'humidité. Plusieurs modèles (5) de cylindres existaient, toujours de même dimension, et l'on rencontra ce dispositif jusqu'en 1917 (la cheddite remplaçant la mélinite), à chaque fois que la demande dépassa l'offre industrielle en grenades modernes.

Poids approximatif 550 g dont 100 g de melinite puis de cheddite


Grenade de la IIIème armée, vue générale d'un engin plutôt rustique mais employé jusqu'en 1917 !
Grenade de la IIIème armée - détail montrant le bloc de bois avec le clou de percussion et la mèche pénétrant dans le cylindre fragmenté



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Pétard de destruction pour barbelés
Pétard de destruction pour barbelés (400 et 800g de heddite)

Le pétard pour destruction de barbelés
est une variété des pétards raquettes, improvisé lui aussi au début du conflit dans le but de pratiquer des brèches dans les réseaux de fils de fer avant les assauts.

De conception sommaire, il s'agit simplement d'un cylindre de tôle roulée et rivetée, fermée à l'extrémité supérieure par un bouchon de bois, et à l'extrémité inférieure par un manche de bois. Ce dernier, creux, reçoit un allumeur à traction qui met le feu à une mèche (retard de 5 secondes) reliée aux détonateurs. Ceux-ci font exploser la charge de 400 g de cheddite contenue dans le cylindre.

Un nouveau modèle doublant la charge explosive (800 g), plus long, apparut en 1916.

Poids approximatif 600 g dont 400 g de cheddite (800g sur les nouveaux modèles)

Petard de destruction de barbelés. Détail montrant la jointure de tôle roulée.
Petard de destruction de barbelés. Détail de bouchon de tête avec les chiffres '3-7' pyrogravés : retard de 3 à 7 secondes, nominal 5 secondes... pas très précis...
Petard de destruction de barbelés. Vue générale du 'petit' modèle à 400 g de cheddite



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Grenade sphérique modèle 1847
Grenade modèle 1847

Pratiquement aussi vieille que l'invention de la poudre à canon, la grenade fut standardisée en France en 1777 par Gribeauval sous la forme d'une sphère de fonte creuse de 9.5cm de diamètre percée d'un trou lisse pour passage d'un bouchon en bois percé d'une mèche ('fusée').

En 1847 on diminua la taille de la sphère pour en réduire le poids (1kg200 au lieu de 1kg900). En 1876 une fusée à peine moins rudimentaire fut introduite avec rugueux à traction pour remplacer l'allumage direct de la mèche, et enfin en 1886 une version plus étanche de cette même fusée fut introduite.

L'assemblage de cette sphère concue il y a des siècles et ameliores 67 ans auparavant, et d'une fusée antique dont la dernière amélioration datait de près de 30 ans constituait la seule grenade réglementaire à disposition des soldats Français en 1914 : la grenade modèle 1847.

La grenade, équipée d'un retard de 5 secondes, se lançait à la main, le rugueux rattaché à un cordon tire-feu relié au poignet du lanceur. Dans ces conditions, la portée dépassait rarement 20 mètres. Des frondes permettaient éventuellement d'accroître la portée d'une cinquantaine de mètres.

Poids 1.2 kg dont 110 g de poudre noire

Grenade modèle 1847, avec sa fusée en bois modèle 1886. Une arme d'un autre siècle...
Grenade modèle 1847, détail de l'orifice de la fusée avec la boucle du rugeux
Fusée modèle 1886, vue du dessous
Fusée modèle 1886, vue latérale
Grenade modèle 1847 - Schéma d'époque



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Grenade sphérique modèle 1914
Grenade modèle 1914

La grenade modèle 1914
est une amélioration de la grenade modèle 1847 qui, outre son âge, souffrait de plusieurs défauts dont la mauvaise résistance à l'humidité et la fragmentation trop grossière.

  • Le manque d'étanchéité était un problème déjà soulevé avant guerre, mais il fallut l'humidité des tranchées de 1914 pour se convaincre qu'il fallait adopter les solutions envisagées à l'époque. C'est ainsi que la fusée en bois, pouvant pourir et ne scellant pas bien la sphère fut remplacée par une fusée modèle 1914 en bronze moulé (avec sabot de bois percé d'un trou pour accéder à la boucle du rugueux), au retard de 4 secondes, qui se vissait dans l'oeil désormais fileté de la nouvelle sphère.
  • Une solution aux problèmes de fragmentation fut apportée avec la pré-fragmentation de la face interne de la sphère (solution étrange car difficile à réaliser, moins bonnes propriétés de fragmentation, et ne présentant pas l'avantage de la prise en mains d'une grenade à préfragmentation externe)

Lourde, cette grenade pouvait être lancée à l'aide d'un bracelet, peu pratique dans l'espace exigu des tranchées. L'optimisme du début de la guerre en retarda la fabrication, et ce modèle ne fut distribué qu'en 1915 aux poilus, alors que commençaient à arriver de nouveaux modèles plus modernes conçus sur l'expérience des premiers combats. Entretemps, les soldats du front durent se contenter des vielles grenades modèles 1847 ou des moyens de substitution plus artisanaux, comme les pétards raquette !

Poids 1 kg dont 110 g de poudre (puis de cheddite)

Grenade modèle 1914, avec fusée 1914 sans son sabot de bois
Grenade modèle 1914, vue du dessus. On distingue le trou par lequel sortait le fil et la boucle de traction du rugueux
Détail du bouchon allumeur (Observé à Verdun - Côte du Poivre)
Grenade modèle 1914, avec bouchon allumeur démonté. Voir le filetage dans l'oeil de la grenade.



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Grenade Besozzi

Quelle qu'en soit l'origine, l'idée d'importer dès 1915 d'Italie, alors en paix, des grenades disponibles en bonnes quantités fut une excellente idée. Le grenade Besozzi permit en effet de doter les poilus d'une grenade relativement moderne, et ce sans demander un effort supplémentaire à l'Industrie Française déjà fort sollicitée.

Lorsque l'Italie rejoignit le conflit aux côtés des Alliés en 1915, la production fut reprise sous license par des usines Françaises pour ne pas perturber l'effort de guerre Italien.

Cette grenade est à considérer comme une étape vers le développement des grenades modernes. En effet, si sa forme, son quadrillage externe et sa maniabilité préfigurent des modèles qui sortiront des arsenaux peu après, son allumage par mèche à tête phosphorée, à allumer sur un frottoir fourni, mais plus sûrement au fourneau de pipe restait 'primitif' !

Réalisée par montage de deux calottes en fonte, il semble que les modèles fabriqués en France avaient une gorge latérale pour la sortie de la mèche, tandis que la mèche sortait perpendiculairement à la surface pour les modèles importés d'Italie. Une fois assmblées, les grenades étaient trempées dans de la paraffine pour assurer l'étanchéité.

Poids 630 g dont 60 g d'explosif 'P'.

Grenade Besozzi observée en Champagne
Grenade Besozzi observée en Champagne - silhouette typique avec la base large comparée à la tête
Grenade Besozzi observée au Musée de La Targette - Couleur et mèche ne sont pas d'époque, mais donnent une bonne idée.
Cette tentative de reconstitution d'une grenade Besozzi avec des fragments trouvés sur un champ de bataille montre que la fragmentation n'était pas toujours optimale.
Fragments de grenade Besozzi trouvés en Champagne - Main de Massiges)
Grenade Besozzi - Schéma d'époque.



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Grenade P1
Grenade Percutante nr1 - 'Poire' ou 'Cuiller'

Dès le 17e siècle, un inconvénient majeur des grenades fusantes était apparu aux combattants : tant que la mèche n'est pas consumée, il est possible de renvoyer la grenade à son expéditeur ! L'idée de fabriquer des grenades percutantes date donc de très longtemps, mais sa réalisation rencontra de très nombreux problèmes encore imparfaitement résolus en 1914 dans chacune des armées engagées.

Au début du conflit, l'Armée Française employa des pétards percutants artisanaux, et des grenades Aasen (de l'inventeur Danois qui fournissait également les armées Allemandes...), sans que ces deux modèles ne donnent de résultats époustouflants. C'est donc en mai 1915 que les soldats Français recoivent enfin une nouvelle grenade P1 (percutante n°1) conçue en France par Mr Billant (qui donna aussi à la France le bouchon allumeur automatique à levier qui porte son nom).

Cette grenade est aussitôt appelée 'grenade poire' ou 'grenade cuiller' pour des raisons évidentes à l'observation. Il s'agissait d'un corps en fonte quadrillé intérieurement, fermée en sa base par un bouchon de plomb, et à son extrémité par son bouchon allumeur. Celui-ci était composé d'un détonateur déclenché par une amorce qu'un percuteur venait heurter lorsque la grenade atterissait sur sa base. Ce mouvement du percuteur n'était possible que si le levier en forme de cuiller était relevé, ce qui ne pouvait se faire sans avoir auparavant coupé une ficelle de sécurité qui entourait cuiller et corps de grenade.

L'amorçage involontaire réalisé en coupant la ficelle qui retenait la cuiller en aluminium ou en acier fut à l'origine de nombreux accidents. La mise à feu par un détonateur percutant interne actionné à l'impact nécessitait que la grenade atterisse bien droite, ce qu'était censé assurer à la fois la forme de la grenade et un ruban-empennage libéré par la remontée de la cuiller à l'amorçage, avec des résultats incertains... Dangereuse, allumage pas très fiable, et fragmentation déficiente (voir photos), cette grenade, quoi que produite et employée massivement ne fut pas vraiment une réussite !

Poids 550 g dont 30 g d'explosif 'P'

Grenade 'cuiller' - la forme du levier latéral, bloqué par la ficelle de sécurité, ressemble effectivement fort à cet ustensile
Fragment d'une grenade P1 - remarquer les moulages de pré-fragmentation en interne
Grenades P1 reconstituées depuis leurs fragments. Belle démonstration de la fragmentation insatisfaisante de ces engins ! (Fragments observés à Verdun - cote 304, et au Chemin des Dames)
Grenade 'poire' - le profil alourdissant la base pour favoriser les aterrissages verticaux montre pourquoi cet engin mérita son surnom de grenade poire. Bouchon allumeur et bouchon de fond démontés
Grenade 'poire' P1 - Schéma d'époque.



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Grenade F1
Grenade Fusante nr1

C'est en mai 1915 qu'apparaissent, en nombre limité, les premières grenades F1 (fusante n°1). Fruit de l'expérience des premiers combats, la forme est déjà plus moderne, avec un quadrillage externe pour une meilleure prise en main et une bonne fragmentation. Ce dernier effet sera plutot décevant, l'explosion ne créant souvent pas plus de 10 éclats (pour un quadrillage en 38 divisions) dangereux dans un rayon de 200m.

Le corps de cette grenade va accompagner l'évolution technologique des allumeurs Francais. Pendant la première guerre, il sera successivement équipe d'un :

  • bouchon allumeur à mèche {non confirmé par la littérature, mais de nombreux exemplaires observés sur les fronts de 1915 qui semblent faire appel à cette technique primitive)
  • bouchon allumeur à percussion modèle 1915, fait d'une mèche de 5 secondes logée dans un tube en plomb, reliée à une extrémité à un détonateur, et à l'autre à un tube en carton de diamètre 9 mm surmonté d'un rugueux. Ce dispositif était coiffé d'un second tube en carton coulissant de 12 mm de diamètre dont le fond était garni d'une amorce. Le tout etait coiffé d'un dernier tube en carton, en fait une cartouche de chasse, faisant office de protection. La mise à feu se faisait en retirant la coiffe de protection, puis en frappant la tête du tube en carton portant l'amorce, ainsi projetée sur le rugueux, allumant ainsi la mèche de 5 secondes.
  • bouchon allumeur à percussion modèle 1916, de fonctionnement similaire au precedent, mais tentant de corriger ses défauts majeurs : la trop grande hauteur du dispositif, qui nécessitait une percussion parfaitement verticale, et la sensibilité a l'humidité des éléments en carton. A cet effet, les pièces de carton étaient remplacées par des tubes en laiton, plus courts. Il reste que le bon fonctionnement était conditionné par un dosage très fin de la puissance de percussion, peu exigible d'un fantassin dans le feu du combat.
  • allumeur automatique Billant modèle 1916 B. Cet allumeur moderne, d'aspect similaire à celui qui équipera les fameuses grenades Anglaises 'Mills', s'actionnait en retirant la goupille de sécurité empéchant les mouvements de la cuiller, puis en lancant la grenade. Dès que celle-ci quittait la paume du lanceur, la cuiller pivotait vers le haut sous l'action d'un ressort, ce qui déclenchait la mise a feu par action des pointes d'un ressort sur deux amorces mettant le feu à la mèche (retard de 5 secondes).
A partir de début 1916, et équipée de ce dernier allumeur (cependant rare en raison du besoin de tôles fines d'acier doux pour sa réalisation), cette grenade deviendra la grenade la plus utilisée par le fantassin Francais pendant la seconde moitié du conflit. Elle survivra jusqu'en 1940.

Poids 630 g dont 60 g de cheddite.

Grenade F1 avec un allumeur à mèche du type ancien. Pas de trace du vraisemblable couvercle de protection.
Bouchon allumeur à mèche, plus trapu que les modèles suivants
Grenade F1, équipée du bouchon allumeur à percussion modèle 1915. Coiffe de protection retirée
Grenade F1, bouchon allumeur à percussion modèle 1915 démonté. Remarquer le rugueux en tête du bouchon et la longueur de la colonne qui le porte.
Grenade F1, équipée du bouchon allumeur à percussion modèle 1916. Coiffe de protection retirée
Grenade F1, bouchon allumeur à percussion modèle 1916 démonté. Remarquer le rugueux en tête du bouchon.
Grenade F1, modèle équipé du nouvel allumeur automatique Billant modèle 1916 B
Détail du nouvel allumeur automatique Billant modèle 1916 B (type Mills)
Allumeurs à friction démontés, pour montrer la différence de taille entre le type 1915 à percussion (au-dessus), et le type à mèche (en-dessous).
Grenades F1 avec allumeurs de technicité croissante.
Grenade F1, Schéma d'époque



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Grenade OF1
Grenade offensive Nr 1

Lors de combats rapprochés et d'assauts dans les milieux confinés que sont les réseaux de tranchées, les rayons de dangerosité des éclats des grenades classiques mettaient également en danger lanceur et cible. L'objectif étant surtout, pour l'assaillant, de terroriser, étourdir ou blesser les défenseurs, le concept de la grenade offensive fut proposé, par opposition aux autres, baptisées grenades défensives.

La grenade OF1 (offensive n°1) qui apparaît en 1915 répond à ce cahier des charges avec un rayon destructeur réduit. Elle se compose de deux calottes de fer blanc embouti serties ensemble et soudées à l'étain. La calotte supérieure était réalisée dans une qualité de tôle supérieure pour permettre le formage d'un col fileté destiné à recevoir le dispositif d'allumage

Cette grenade sera successivement équipée des mêmes bouchons allumeurs que la F1 (voir plus haut), la dernière évolution la dotant du bouchon allumeur Billant Modèle 1916 B. La charge explosive aussi évoluera au cours du conflit, passant de la cheddite à la Schneiderite, puis enfin le NTMX, permettant à chaque fois un gain de poids.

Poids 250 g dont 150 g de cheddite, puis 120 g de Schneideirite et enfin 105 g de NTMX.


Grenade OF1, Schéma d'époque de la coque
Grenade OF1, équipée d'un allumeur automatique Billant
Grenade OF1 avec allumeur automatique Billant modèle 1916 B démonté
Vue de dessous de l'allumeur automatique Billant modèle 1916 B (type Mills). Remarquer les défauts d'emboutissage classiques dans l'hémisphère inférieure, toujours réalisée dans une qualité de tôle inférieure.



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Grenade Citron Foug
Grenade Foug 'Citron' modèle 1916

Dès avril 1915, les ateliers militaires de Foug, en Meurthe et Moselle près de Toul, avaient commencé à fabriquer des modèles simples de grenades, incluant une copie des grenades à manche Allemandes, et deux grenades 'asperge' (longue et courte) en acier préfragmenté avec bouchon allumeur à percussion rudimentaire en bois.

La grenade Citron Foug modèle 1916 est une modification de cette grenade 'asperge', principalement dans le but d'en diminuer un peu le poids et d'en augmenter la fragmentation. Ce dernier point avait conditionné le design du profil exact de la grenade, dont l'influence était nettement prépondérante sur la fragmentation, comparée à la forme du quadrillage.

Le système d'allumage était rudimentaire, composé d'un percuteur logé dans un sabot en bois muni d'une amorce et faisant office de bouchon, lui même équipé d'un détonateur. Ne possédant pas d'autre système de sécurité qu'un simple ressort, elle était donc assez dangereuse malgré l'adjonction d'un simple capot de protection en très fine tôle (à extrémité plate, puis conique, et enfin hémisphérique) placé sur le bouchon pour le transport.

Son surnom de 'citron' se comprend par sa forme bien reconnaissable. Malgré son concept rudimentaire et sa relative dangerosité, son faible coût et la simplicité de sa fabrication en fit une grenade disponible en très grandes quantités, construite par de nombreux ateliers, et qui sera donc largement employée de 1916 à la fin du conflit.

Pour être complet il faut noter qu'elle fut tirée, équipée d'un petit sabot de bois, par un petit engin de tranchées nommé 'fusil Guidetti de 65mm'.

Poids 550 g, dont 90 g de cheddite.

3 grenades citron vides de leur charge (Observées à Verdun - Côte du Poivre)
Les mêmes grenades, remarquer la différence d'usinage du quadrillage, preuve que les spécifications techniques envoyées aux nombreux fabriquants étaient plutôt larges.
Grenade Foug citron munie de son bouchon-allumeur à percussion en bois (observée en Champagne)
Détail du bouchon-allumeur à percussion en bois, démonté
Grenade Foug citron recouverte du capuchon protecteur en métal (observée en Champagne)
Grenade Foug citron, capuchon enlevé, 'prète à l'emploi'
Grenade Foug citron - Schéma d'époque
Grenade Foug citron - Schéma d'époque - modele tardif



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Grenades à fusil


Grenade Feuillette

Démunis de grenades à fusil au début du conflit, et conscientes que cette arme représente une solution tactique intéressante lorsqu'une puissance de feu accrue est immédiatement nécessaire, les Armées Françaises s'équipent de grenades Anglaises Martin-Hale Nr2 en attendant le développement de leur propre modèle. Cette dernière, la grenade Feuillette, est une arme comparable aux modèles Allemands et Anglais en service.

Elle est composée d'un tube en acier préfragmenté, avec un détonateur axial qui est déclenché à l'impact par une masselotte-percuteur située dans le dispositif de mise à feu vissé à la base du projectile. Les mouvements de cette masselotte sont bloqués par une bague, elle-même retenue en place par un crochet de sécurité. Une tige en acier prolonge le dispositif pour insertion dans le tube du fusil Lebel.

Au moment du tir, le fantassin devait charger une cartouche à blanc dans la culasse du fusil Lebel, introduire la tige de la grenade dans le tube, et tenir d'une main une ficelle reliée au crochet de sécurité. Au départ de la grenade, la ficelle entraînait la bague vers l'arrière, libérant ainsi les mouvements de la masselotte-percuteur.

La grenade était surmontée d'une fausse ogive creuse en aluminium, destinée à donner une profil aérodynamiquie et à servir d'amortisseur à l'impact (évitant que la grenade ne pénètre dans le sol).

Le système étrange d'armement avec ficelle et la sensibilité de la trajectoire au vent (commune à toutes les grenades à tige) feront abandonner la grenade Feuillette pour la Viven-Bessière dès l'arrivée de celle-ci.

Poids 410 g dont 70 g de cheddite

Grenade Feuillette. Le côté avec le petit orifice (bouché) est la tête.
Grenade Feuillette. Le dispositif de mise à feu, la tige et la fausse ogive en aluminium ont disparu.
Grenade Feuillette. Zoom sur la masselotte de sécurité.
Grenade Feuillette.
Grenade Feuillette. Schéma d'époque.



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Grenade VB
Grenade explosive Viven Bessière

La grenade VB (Viven-Bessière) mise en service en 1916, fut la plus célèbre et la plus réussie des grenades à fusil françaises.

Faite d'un corps cylindrique en fonte quadrillé intérieurement, elle était traversée dans son axe par un cylindre creux du diamètre de la balle du fusil Lebel, d'un tube latéral parallèle à cet axe, contenant le détonateur, et teminé par une tête de percussion en laiton équipée d'un levier latéral, et d'un bouchon de remplissage.

Elle était tirée à l'aide d'un tromblon fixé à l'extrémité du tube du fusil Lebel, en utilisant une cartouche classique plutôt qu'une cartouche à blanc, ce qui évitait les accidents dus à la confusion des munitions dans l'excitation du combat.

Au moment du tir, la balle traversait le tube central, et en sortant actionnait le petit levier placé sur la partie externe du détonateur, déclenchant le mécanisme de mise à feu en percutant une amorce qui mettait à feu une mèche de 5 à 7 secondes reliée au détonateur. Les gaz d'éjection de la balle s'accumulant dans le tromblon tant que la balle traversait le tube central, éjectaient le corps de la grenade jusqu'à une portée de 180 m.

Une petite coiffe en laiton, avec un trou pour le passage de la balle en son centre, était généralement placée sur la tête de la grenade pour prévenir d'un déclenchement accidentel du levier.

Cette grenade était tellement efficace qu'elle modifia la tactique de l'infanterie française : chaque compagnie disposait de 16 tireurs VB, lui conférant une puissance de feu très maniable et discrète à la fois pour les actions offensives et défensives. Elle était toujours en usage en 1940.

Poids 475 g, dont 60 g de cheddite

Grenade à fusil Viven Bessière - A gauche la coiffe du détonateur (le levier a disparu), à droite la vis de fermeture du trou de remplissage
Grenade à fusil Viven Bessière - Coiffe de détonateur et vis de remplissage démontées, au centre trou du chenal pour la balle de fusil
Grenade à fusil Viven Bessière - Vue de la base, avec chenal pour balle de fusil
Grenade à fusil Viven Bessière - celle-ci n'a pas du faire grand mal... (observée au Chemin des Dames)
Celle-ci, coupée en 2 par une fragmentation déficiente, nous fait voir ses segments en face intérieure (observée au Chemin des Dames). Le tube central et et tube du détonateur ont tous deux disparu.
Joli modèle possédant encore un marqueqge 'TS' et le levier de déclenchement
Tromblon adaptable au fusil Lebel pour le tir de grenades Viven-Bessière
Grenade VB - Schéma d'époque
Grenade VB - Schéma d'époque



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Grenades spéciales


Grenade éclairante en fonte

Les grenades éclairantes sont utilisées en défensive pour révéler les ennemis en approche la nuit, voire éventuellement pour dissimuler des mouvements nocturnes en aveuglant les défenseurs.

Les caractéristiques exactes de cette grenade éclairante en fonte sont inconnues, mais il semble que ce soit un modèle du milieu du XIXe siècle. Elle était percée de 4 trous, probablement obturés par des bouchons de bois. L'un des trous devait accueillir l'allumeur à friction. Un autre, plus gros, devait servir de trou de remplissage de la composition éclairante. Les deux autres trous se faisaient face, et semblent reliés par un tube dont l'utilité est inconnue.

Poids inconnu

Grenade éclairante en fonte. Gros trou de remplissage et un des deux trous reliés par un tube. Ces derniers semblent protégés de laiton.
Grenade éclairante en fonte, vue au travers du tube reliant deux des trous
Grenade éclairante en fonte. Zoom sur le trou de remplissage (?)
Grenade éclairante en fonte. A droite le plus petit des 4 trous, qui devait accueillir l'allumeur à friction.



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Grenade pour appareil Moisson

L'appareil Moisson, qui datait du milieu du XIXe siècle, était un demi-baril de poudre rempli de bombes sphériques de 12 kg ou de petites grenades de 1 kg, muni d'une rallonge en bois du diamètre intérieur du mortier (15, 22, 27 ou 32 cm) qui servait à le tirer.

Le fond du baril était par ailleurs percé de 6 trous permettant aux gaz enflammés de mettre le feu aux mèches des bombes et grenades pour appareil Moisson, qui étaient dispersées vers l'ennemi en gerbe à une portée maximum de 400 m.

Ces appareils furent utilisés avec les célèbres crapouillots en 1914 et 1915.

Poids approximatif 1 kg

Grenade pour appareil Moisson équipée de son bouchon à mèche.
Grenade pour appareil Moisson. Bouchon démonté.



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Grenade Suffocante modèle 1914 et 1916

Plusieurs modèles de grenades suffocantes étaient déjà en usage dans la police Française avant la guerre.

En 1914, une grenade suffocante modèle 1914 est introduite. De forme ovoïde, initialement en laiton intérieurement étamé (pour résister à la corrosion du liquide irritant), puis en fer intérieurement plombé (pour les mêmes raisons), elle contient une petite charge de poudre noire pour disperser l'acroléïne qui constitue le liquide lacrymogène. Un code couleur distingait les modèles en fer plombé (corps supérieur peint en rouge) de ceux en laiton étamé (bande rouge sur le bouchon).

Au milieu du conflit apparaît une évolution, la grenade Suffocante modèle 1916 identique mais équipée d'un adaptateur un laiton pour accueillir les différents bouchons allumeurs dont le bouchon automatique Billant (modèle 1916 B).

Poids 400 g, dont 200 g de liquide lacrymogène

Grenade Suffocante modèle 1914
Grenade Suffocante modèle 1914, coiffe protectrice retirée, prète pour allumage par percussion
Grenade Suffocante modèle 1914 démontée, avec bouchon allumeur à percussion



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Grenade suffocante Bertrand modèle 1915 et 1916

Constituée de 6 écailles de fonte parcées chacune d'un trou, assemblées par un fil de fer et entourant une ampoule sphérique en verre contenant du chloracétone, la grenade suffocante Bertrand modèle 1915 est une sphère de 6 cm de diamètre qu'il suffit de lancer contre une surface dure pour qu'elle libère sa substance lacrymogène.

L'idée était certainement bonne, puiqu'elle permettait entre autres de faire l'économie d'un bouchon allumeur, et que l'emploi de ce type de grenades était intéressant pour vider les abris dépassés par un assaut. Mais la réalisation présentait de gros défauts, dont la faible quantité de substance active (25 grammes), et surtout la fragilité de l'ampoule qui pouvait aisément se briser dans les musettes

En résultat, même si d'énormes quantités ont été produites pendant la guerre, les poilus se débarassèrent de beaucoup d'entre elles dès que possible, à en juger par le grand nombre de ces grenades retrouvées dans les secondes lignes et boyaux de montée en ligne après guerre.

En 1916, une grenade suffocante Bertrand modèle 1916 de taille double fut produite pour augmenter la quantité de produit, mais en faibles quantités.

Poids 200 g (modèle 1915), dont 25 g de liquide lacrymogène

Grenade Suffocante Bertrand modèle 1915
Grenade Suffocante Bertrand modèle 1915



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Grenade de mortier pneumatique Brandt
Obus 1915 A pour mortier pneumatique de 60 mm

Classer les projectiles légers d'engins de tranchée dans les grenades est un choix certes discutable, mais c'est le mien sur ce site. Dans ce domaine d'armement, la Grande Guerre atteignit des sommets d'inventivité. Parmi les engins originaux se trouvent les mortiers pneumatiques, silencieux et mobiles, mais peu puissants. Côté Français, le modèle le plus abouti est le mortier pneumatique Brandt qui apparaît dès 1915.

Le tube du lanceur faisait 1m30 de long et 60 mm de calibre, relié à un système de réservoirs, piston et culasse mobile, pour un poids total de 22 kg. Un affût trépied de 16 kg pouvait être utilisé. L'air comprimé était fourni par des bouteilles, ou à défaut par des pompes manuelles.

Développé initialement comme lance-grenades pneumatique, ce mortier finit par se voir doter de projectiles spécifiques, à empennage court (4 ailettes) vissé à la base du cône. Parmi ceux-ci il faut citer les projectiles explosifs de 60mm obus A 1915 (950 g) et obus B 1916 (650 g), préfragmentés intérieurement et munis d'un percuteur à sécurité par goupille.

L'engin tirait également des projectiles empennés éclairants, porte-messages, ou chimiques (en verre).

Poids 950 g dont 120 g de cheddite (modèle A 1915)

Obus 1915 A de mortier Brandt, observé en Champagne. Les ailettes ont disparu.
Obus 1915 A de mortier Brandt. Logement du percuteur.
Obus 1916 A de mortier Brandt.
Obus 1915 A de mortier Brandt - Schema.
Obus 1916 B de mortier Brandt - Schema.
Obus 1916 B de mortier Brandt exposé à Albert au musée des Abris.
Obus 1915 A de mortier Brandt. Eclat observé au Chemin des Dames montrant la fragmentation interne et le pas de vis pour l'empennage



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Grenade DR modèle 1916

La grenade DR apparut sur le front en fin 1916. Elle était destinée à être tirée par un fusil d'infanterie coiffé d'un manchon à chambre variable et armé d'une balle à blanc.

Composée d'une base empennée en tôle fine emboutie, d'un corps préfragmenté en tôle plus épaisse emboutie également, d'un capuchon en bois porte-détonateur, cette grenade ne donna jamais tout à fait satisfaction, de par la difficile mise au point de son détonateur percutant qui causait soit des détonations prématurées au départ, soit n'explosait pas de manière certaine à l'arrivée.

Ce projectile fut également utilisé sur des 'bombardes Garnier', composées d'un cadre surlequel étaient montés 4 canons de fusil Gras portant chacun deux mandrins de tir de grenade, pour tirer des salves de 8 DR.

Poids 550 g, 85 g cheddite

Grenade DR en état plutôt moyen, traces de peinture kaki d'origine
Grenade DR. Le capuchon en bois porte-détonateur n'est pas d'époque et le détonateur a disparu.
Grenade DR démontée
Grenade DR - Schéma d'époque
Bombarde DR - Schéma d'époque



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