Contexte historique de la pièce :

Avec l'entrée en guerre des USA et l'arrivée progressive de ses nombreuses troupes sur le front de l'ouest, les alliés imaginèrent des plans pour une future offensive finale. Anticipant une reprise de la guerre de mouvement après la percée du front, mais aussi l'existence probable de puissants retranchements ennemis, la France désirait se doter d'une artillerie lourde puissante et très mobile. La portée du nouveau canon de 155 GPF était jugée insuffisante pour servir ces missions, aussi le lieutenant-colonel Filloux des arsenaux de Puteaux proposa en mai 1917 de monter sur l'affût bi-flèche révolutionnaire de cette pièce le tube le plus lourd qu'il pouvait supporter. Il conçut un tube de 194 mm long de 33.5 calibres, qu'il était prévu de réaléser à 220 mm après usure.

Le poids de cette pièce (16 000 kg) nécessitait toutefois de la séparer en deux voitures (8 000 kg et 10 500 kg) pour le transport, réduisant notablement sa mobilité. Aucune des 150 pièces de ce 194 GPF sur à tracteurs qui commencèrent à être produites en avril 1918 aux arsenaux de Puteaux ne sortit avant la fin du conflit. Cette arme ne fut jamais mise en service dans cette configuration.

Cependant la France, inspirée par la démonstration plus ou moins convaincante de la relative efficacité des engins chenillés Britanniques pour les déplacements sur les champs de bataille bouleversés, désirait également se doter dans ce cadre d'une artillerie lourde capable de se porter en avant sur tout terrain. Elle entreprit donc l'étude en 1917 de chassis chenillés capables de transporter des tubes de tous calibres.

A la pointe de cette recherche, le colonel Rimailho de la société Saint Chamond sut imposer son concept à deux affûts distincts, l' "avant train chenillé automoteur" transportant munitions et un groupe électrogène, et fournissant la puissance pour le mouvement de l'"affût chenillé tracté" qui portait le tube. Le programme de fabrication prévoyait de monter des tubes de 155, 194, 220 et 280 sur ces dispositifs pour un nombre total de 500 pièces, mais la fin de la guerre arriva assez vite que pour revoir ce programme à la baisse, avec les seuls tubes de 194 GPF et de 280 TR Schneider.

La première des 50 pièces de 194 GPF sur affût chenillé St Chamond commandées en 1918 ne fut prête qu'en juin 1919. Ce matériel, a la mobilité finalement médiocre, était toujours en service dans l'Armée Française en juin 1940, à raison de 49 pièces de 194, et 26 de 280mm.

Caractéristiques techniques :

• Descriptif complet : Canon de 194mm Grande Puissance Filloux sur affût chenillé St Chamond
• Année du design : 1918
• Calibre : 194.00 mm
• Poids en position de tir : 29 600 kg (affût à chenilles tracté seul, en batterie)
• Poids à tracter : 56 000 kg avec avant-train à chenilles autotracté 26 500 kg
• Longueur tube en calibres : 26.50 (partie rayée seule - longeur totale 33.5 calibres)
• Nombre de rayures : 60 (pas constant 7 degrés)
• Poids du projectile : 81 kg / 84 kg selon l'obus
• Vitesse initiale : 700 m/s
• Cadence de tir : 1 coup / min
• Portee : 18000 m
• Pointage en hauteur : 0 à +36 degrés
• Pointage en direction : 360 degrés (rotation affût chenillé)

• Les canons de la Victoire 1914-1918 - Tome I - L'Artillerie de campagne           Pierre Touzin       François Vauvillier             Histoire et Collection   2006  
• Les Materiels de l'Armee Francaise 1940 (Tome 2)       Stéphane Ferrard                   Charles Lavauzelle   1984  
• Les Canons de la Victoire, 5ème édition du Manuel d'Artillerie Lourde, revue et considérablement augmentée       Colonel Alvin       Commandant André             Henri Charles-Lavauzelle et Cie   1923